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Gaele Flao : “J’ai une grande fascination pour le geste”

Léa Héron 4 mai 2020
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Gaele Flao

Gaele Flao est une artiste peintre de naissance. Son art polyvalent et poétique nous fait ressentir l’amour qu’elle porte à la nature, à la mer et aux êtres vivants. Elle évoque ici sa façon d’aborder son art.

Bonjour Gaele. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Bonjour Léa. Je suis artiste peintre pluridisciplinaire, on pourrait dire artiste plasticien mais je n’aime pas trop cette référence à une matière si éloignée de mes univers. J’ai quarante-cinq ans, j’habite et travaille en Bretagne, dans le Morbihan.

Qu’est-ce qui vous a amené à commencer la peinture ? Racontez-nous votre histoire.

Disons que la peinture fait partie de ma vie depuis ma naissance, c’est un atavisme générationnel qui me mit le pied à l’étrier sans même que je puisse avoir le temps d’imaginer devenir un jour médecin ou astronaute. En effet, issue d’une famille où peintres, écrivains et architectes sortaient du lot depuis plusieurs générations, je suis partie très tôt, à 16 ans, avec mon frère en Belgique, suivre une éducation artistique à l’Institut Saint-Luc de Tournai. Cette formation académique, réputée à l’époque, a résolument affûté mon attrait pour la peinture. J’ai ensuite développé plusieurs techniques et j’ai finalement gardé la peinture à l’huile comme médium de prédilection depuis plus de vingt-sept ans.

Quelles sont vos inspirations au quotidien ?

Au fil des années, j’ai longtemps été inspirée par le corps humain, sous tous ses angles, et en particulier en mouvement. J’ai une grande fascination pour le geste, l’avant, l’instant et l’après. J’ai développé une recherche fondamentale pendant au moins cinq ans autour du mouvement. Cela m’a amené à créer des films d’animation et à étudier l’image séquentielle. Je me suis ensuite davantage intéressée aux animaux, en particulier les primates, comme un retour à l’essentiel, avec un sujet universel, d’une constante intemporalité. Aujourd’hui, je reste proche de la nature et les oiseaux sont les sujets de prédilection de mes études. L’éthologieétude du comportement animal – en analogie avec la psychologie des adolescents sont deux nouveaux axes qui nourrissent mon travail.

Vous êtes passée par différentes formes d’art, que ce soit la peinture, la vidéo, et la mise en scène de performances musicales, théâtrales, de danse… Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces autres formes d’art ?

Cette question est fondamentale pour comprendre mon travail, mon équilibre et mon côté touche-à-tout. Je suis par nature, une personne curieuse et très sociale, qui aime le contact, les rencontres, les nouveautés, les défis. J’ai donc croisé la route de nombreux artistes de toutes disciplines et initié de nombreux projets, que l’on appelle, dans le jargon institutionnel, transversaux. Je préfère à cela l’image de la chimère, qui évoque davantage la forme du rêve et de la magie. J’aime l’idée de croiser des univers qui se complètent dans un équilibre artistique délicat et dont la finalité donne de l’élan à tous les intervenants. 

Comment initiez-vous un projet, une série de peintures par exemple ? Et comment savez-vous qu’elle est terminée ?

Difficile de déterminer exactement comment je prends tel ou tel chemin. Je dirais que le premier grand concept que j’ai mis en place était la série “Moteur”, en 2006. C’est depuis cette période que mes recherches autour du mouvement sont devenues récurrentes et ont donné du sens à mon travail. Je ne cherche jamais à clôturer une série, je laisse toujours la porte ouverte à un nouveau chapitre. Ce qui m’arrête dans le temps est plus un impératif de délai, donné par une date d’exposition.

Vous abordez différents sujets dans vos œuvres tels que le mouvement, la mer, les animaux, le corps humain. Y a-t-il un message qui les lie tous entre eux et que vous voulez faire partager ?

Il n’y a pas, à proprement parler, de message. Ce sont des éléments qui investissent mon quotidien et qui me touchent de près. La mer est effectivement un sujet de fascination, je suis marin et je vis à 100 mètres de l’eau, elle fait donc entièrement partie de ma vie. La Nature, dans son grand ensemble, est ma préoccupation première, tant dans mes engagements que dans son esthétique. Quant aux animaux et au corps humain, c’est bien l’étude du geste et du mouvement qui m’a intéressé jusqu’à présent. La nouveauté de mon travail aujourd’hui est de passer du côté psychologique de mes sujets, ce qui amènera de nouveaux points de vue dans mes prochaines séries, c’est certain.

Vous êtes aussi à l’origine d’autres projets, comme une revue artistique. Pouvez-vous nous en parler ?

Je suis à l’origine d’une association, “Les Ateliers du Bout de la Cale”, que j’ai initiée en 2008 avec deux autres artistes de ma famille. De fil en aiguille, cette association artistique et culturelle a pris un peu d’ampleur dans le paysage régional. Elle défend les initiatives transversales d’artistes de tout horizon, sélectionnés par un comité artistique regroupant arts plastiques, graphisme, spectacle vivant et musique. Pour cette année, n’ayant plus d’espace physique pour recevoir le public et les artistes en résidence – notre atelier ayant été réquisitionné par une politique d’opposition – je me suis dit qu’un espace d’édition pouvait, à lui seul, regrouper les énergies créatives d’une quarantaine d’artistes. D’où le nom de cette revue, LE DÉCALÉ, que nous avons tirée à 1 000 exemplaires. Tout l’historique et la liste des auteurs est disponible sur Ulule. Nous avons également un site internet, avec une boutique en ligne.

Travaillez-vous sur de nouvelles œuvres en ce moment ?

Actuellement, je travaille sur plusieurs projets. Tout d’abord, un film d’animation pour un clip musical du groupe NDIAZ, qui devrait sortir courant mai. Puis, un long projet sur trois ans, que j’ai intitulé “Migration” et qui rassemble plusieurs recherches entre éthologie, ornithologie, psychologie, une analogie entre les oiseaux et les adolescents. Ce travail rassemble écriture, enquêtes, photographies, vidéos, dessins et peintures. Il n’est pas encore disponible au public pour le moment, les premiers visuels devraient être publiés courant 2021.

Avez-vous un dernier message à faire passer ou quelque chose dont vous aimeriez parler ?

Sans la culture et les artistes, l’humanité est réduite à néant.

Plus d’informations sur le site internet de Gaele Flao. Pour voir ses œuvres, cliquez ici.

Propos recueillis par Léa Héron

 

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Lélia Demoisy : “J’essaie d’aborder le rapport à la nature d’une façon sensible et individuelle”, de Violagemma Migliorini

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